Louis-Paul PONTHUS

Dessiner et peindre c’est ensuite s’émerveiller, avec bien sûr beaucoup trop de complaisance mais on ne le dira à personne, des formes qui apparaissent sur le fond blanc, immaculé l’instant d’avant. C’est sentir qu’aujourd’hui encore, tout va bien : les traits se forment comme si le fusain vivait, les couleurs s’arrangent sans effort, on va aller jusqu’au bout du travail et ce sera une réussite. Pour ne pas gâcher ce plaisir, on ne dira pas les moments où, tout au contraire, la main devient maladroite et n’obéit plus à une inspiration qui s’était appauvrie.

Au delà de ce plaisir, bien qu’il se suffise à lui-même, je voudrais, avec un minimum de moyens, paresse oblige, mais le plus possible de spontanéité, exprimer des sensations esthétiques intimes qui naîtraient de la combinaison des traits, des couleurs et de la composition.

Peindre, c’est proposer finalement un message discret et codé pour dire une part de soi que le langage formaté, avec ses mots en usage dans le courant des jours, ne saurait exprimer. S’il arrive que le message soit déchiffré, la connivence qui s’établit alors avec l’autre devient un cadeau précieux.